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Cage Thoracique
16 octobre 2013

Jolie Marguerite (Septembre 2013)

Je n'ai jamais beaucoup aimé les orchidées. Elles ont des gueules monstrueuses. Et peut-être aussi que je suis jalouse de leurs racines apparentes, qui dépassent crânement de leurs cache-pots, comme des tributs récupérés auprès du passé. N'importe quoi.

 

Je n'arrive pas à écrire parce que je m'exalte généalogiquement. J'ai longtemps cherché des explications, des tas de trucs qui tisseraient des araignées de fictions belles et moirées autour de ma moelle épinière. Je pense à plein de choses sur les empreintes profondes laissées par les pensées des précédents sur les suivants. Je pense à des tas de choses et je n'arrive à me concentrer sur rien.

Je pense que ma grand mère a été orpheline pendant deux mois et que je l'ai toujours prise pour un inébranlable pilier vital. Comme un olivier millénaire, comme si elle avait toujours été, forte, nourricière, belle, matriarche. Et je découvre qu'elle a été une crevette abandonnée, laissée pour morte, rachetée par une aïeule, je comprends des trucs, je pense aux liens, je me rends compte de l'horreur à chaque fois que j'y pense. Je ne serais jamais certaine qu'elle soit née d'un viol. Mais je le crois.

 

J'ai envie de me faire croire que le brouillard béant ancestral constituerait un beau précipice par-dessus lequel s'entraîner à sauter. Je veux dire, J'aimerais que ces mystères existentiels soient une quête de soi qui me transcende et qui m'aide à exister. M'occuper l'esprit dans une quête historique effrénée pendant quelques années, le temps de devenir quelqu'un de stable.

Mais cette quête n'est pas la mienne, je le crains. Elle remonte trop haut dans mon arbre d'aïeux bordéliques. Je sais qui sont mes parents et d'où ils viennent. Je ne croyais pas beaucoup au déterminisme génétique. Mais je dois avouer que la maman du hibou a su retenir mon attention et tipped the scales. PAF CHOCAPIC. Je crois aux bébés en couveuse qui aiment les vérandas, je crois aux bébés abandonnés qui deviennent hyperfamiliaux et possessifs, je peux croire à tout le reste.

 

J'ai peur un jour de me rendre compte que ma mère aussi est quelqu'un de dévasté. Nous ne venons de nulle-part, ma grand mère accidentelle était vouée à la mort. Il paraît qu'ils luit ont injecté de l'eau de mer pour la faire vivre. C'était une force de la nature et, au passé antérieur, un embryon sans espérance et sans futur.

L'oncle qui se thérapise généalogiquement m'interpelle. Il paraît qu'il a des données. Je crois que je veux savoir. Mon goût pour le mélodrame me laisse espérer que j'y trouverais quelque chose pour me définir, puisque je n'ai pas d'autres pistes pour le faire.

 

Devant cet univers de possibilités, je devrais être énergiquement tournée vers le futur. Vaguement. Et sans savoir pourquoi, j'ai cuisiné des pâtes à cuisson rapides. Je les ai mangées en me brûlant l’œsophage. Je sentais la température diminuer, de poignée en poignée. Parce que dans ces moments, on n'utilise ni couverts ni assiette. On avale tout, en se dépêchant, on fait honteusement la vaisselle derrière soi. J'ai encore volé 500 grammes de pâtes à mes parents. Je crève de honte et de maux d'estomac. J'ai envie de me planquer dans des trous de souris mais je suis trop volumineuse pour ça.

 

"C'est beau, C'est beau, la viiiiiie..." Ferrat?

 

Il y a des gens qui me parlent de choisir d'être heureux, de devenir heureux, d'ignorer les pentes descendantes. Je sais pas comment ils font. Je dois mal m'y prendre. Je suis toujours allergique aux fruits, sujette aux larmes et aux cauchemars.

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Commentaires
Cage Thoracique
  • Un vrai détail inutile. Une vraie vérité sans importance. Car il ne faut rien attendre de mieux ici. J'en serai plutôt incapable, et je ne crois pas en avoir réellement envie. Je laisse les choses importantes à ceux qui savent. Qui agissent
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